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Gestion des déchets au sein d’une assiette annuelle de coupe de Precious Woods CEB


Cas des équipes d’inventaire et d’aménagement.


  1. Présentation du client et de ses activités


Fondée en 2007 comme filiale de Precious Woods, CEB (Compagnie Équatoriale des Bois) a été la première société au Gabon à appliquer une foresterie certifiée et durable, développant un plan de gestion forestière qui a influencé la législation nationale. 

En octobre 2008, elle a reçu la première certification FSC au Gabon, suivie de la certification TGI en 2009. Depuis 2018, CEB et TGI bénéficient également de la double certification FSC + PEFC sur l’ensemble de leur chaîne de production.

La CEB possède une concession forestière de 596 800 ha, gérée dans l’est du Gabon, avec environ 240 000 m³ de grumes exploitées par an, et trois scieries sur site, modernisées depuis 2011, pour un chiffre d’affaires estimé à 24 milliards de FCFA.


  1. Contexte et but de la mission


C’est dans le cadre de notre stage de fin de cycle, d’une durée de trois mois, en vue de notre soutenance au cours de l’année académique 2024-2025, que nous avons réalisé ce travail de recherche pour le compte du cabinet Green ConsulTech. 


Notre sujet de mémoire étant La gestion de l’environnement par les équipes d’inventaire d’exploitation du cabinet Green ConsulTech, dans l’Assiette Annuelle de coupe n°... de l’UFA de Lélama de CEB Precious Woods, nous a poussés à nous interroger sur les mécanismes de gestion mis en place par le cabinet pour les équipes de terrain.


Il a été question pour nous, en tant qu’environnementalistes et étudiants en QHSE, de voir les dispositions prises par Green ConsulTech et son accompagnement pour le suivi de l’impact environnemental par ses équipes lors des activités d’inventaire d’exploitation.


  1. Mise en œuvre 


La mission longue de 9 jours s’est tenue dans l’est du Gabon, dans la province de l’Ogooué-Lolo, à 30 km de la ville de Lastourville, dans la localité de Bambidi. Il s’est agi de rencontrer, d’observer et d’accompagner les équipes de layonneurs et de compteurs au cœur de la forêt dans la réalisation de leur travail.


L’idée étant claire : réaliser une immersion complète et questionner les équipes sur les pratiques environnementales (gestion de leurs déchets, matériel et lieux de travail, respect des normes environnementales ainsi que des consignes de bonne gestion de la faune et de la flore sauvages), à travers un questionnaire soumis aux équipes sur place.

Il a été question de réaliser deux entrées en forêt : la première aux côtés des layonneurs, et la seconde aux côtés des compteurs.


Nous avons donc pu nous rendre dans la forêt de Bambidi pour retrouver les deux équipes de layonnage (équipe A et B) présentes sur place. Chaque équipe est constituée de huit membres et fonctionne de façon rotative. Pour le matériel de travail et les EPI, ils sont équipés de bottes en caoutchouc, de vêtements longs couvrants et près du corps. Certains ont un matériel propre à leur tâche : GPS et boussole (pour le boussolier), et un carnet de notes (pour le chaineur). Les autres, quant à eux, possèdent une machette pour l’ouverture des layons. C’est donc aux côtés du chef boussolier, du chaineur et des layonneurs que nous avons réalisé notre première enquête à l’aide des outils suivants :


  • L’observation ;

  • Un entretien orienté ;

  • Un questionnaire.


Photo d'une enquête
Photo d'une enquête

 

Pour notre seconde entrée en forêt, l’activité fut la même : s’immerger dans l’environnement des compteurs, les observer, les interroger et les accompagner dans leurs tâches à travers la forêt, dans le but de déceler les non-conformités et les mauvaises pratiques réalisées. Ces derniers, plus légers et moins nombreux (neuf membres), utilisent des GPS afin de marquer les essences, ainsi que des carnets/fiches pour la récolte de données. En ce qui concerne les EPI, ils portent des vêtements couvrants et longs, ainsi qu’une paire de bottes chacun.


L’observation nous a permis de faire un constat sur l’état des lieux. Les entretiens nous ont permis de confirmer de manière directe nos observations précédentes par la voie de la discussion. Enfin, le questionnaire nous a permis de passer au peigne fin toutes les pratiques réalisées sur le campement.


  1. Les difficultés rencontrées


La difficulté majeure ici était la compréhension des enjeux par les équipes. Autrement dit, une véritable assimilation des bonnes pratiques concernant la gestion des déchets sur le campement.

En effet, nous avons pu retrouver plusieurs déchets sur place, notamment :


  • Des restes alimentaires ;

  • Des conserves ;

  • Des bouteilles plastiques ;

  • Des emballages alimentaires.


Photos des travaux réalisés
Photos des travaux réalisés

Ces derniers rendent le campement insalubre. Plus qu’un souci lié à l’aspect visuel, ces détritus représentent un potentiel danger pour la santé, mais également pour l’environnement dans lequel ils sont laissés.


Dès lors, comment les ordures sont-elles éliminées par les équipes de terrain ?


Le questionnaire nous a permis de découvrir que les déchets sur place étaient soit brûlés, soit enterrés en l’état, ou encore ramenés près de la route dans des cas exceptionnels. Notre réflexion s’est alors portée sur la réglementation en matière de gestion des déchets en République gabonaise. Les résultats de notre étude, présentés dans la section suivante, se sont basés sur les textes de référence suivants :

  • La loi n° 007/2014 du 1er août 2014 relative à la protection de l’environnement en République gabonaise ;

  • La loi n° 16/01 du 31 décembre 2001, portant Code forestier en République gabonaise ;

  • Le décret n° 000541/PR/MEFEPEPN du 15 juillet 2005 ;

  • Le Code de l’environnement.


Ces différents textes de loi nous ont permis d’arriver à la conclusion suivante : le dépôt des déchets ménagers en forêt est interdit, car il constitue une forme de décharge non autorisée, susceptible de nuire à l’environnement.


  1. Résultats de l’analyse


À la suite de notre mission, nous avons pu relever les non-conformités suivantes :


Les déchets présents sur le campement :

  • Boîtes de conserve en aluminium

  • Bouteilles plastiques

  • Restes alimentaires

  • Emballages dérivés du plastique

  • Mégots de cigarette

  • Rubans de balisage non biodégradables

  • Piles de GPS


Les moyens de traitement :

  • Brûler

  • Enterrer


Dès lors, que nous dit la réglementation gabonaise en matière de gestion des déchets ? Que disent les textes en matière de gestion des déchets en milieu forestier ?


  • Le décret n°000541/PR/MEFEPEPN du 15 juillet 2005, pris en application de la loi n°16/93 du 26 août 1993 relative à la protection et à l’amélioration de l’environnement, règlemente l’élimination des déchets au Gabon. Il stipule que les opérations de collecte, de tri, de stockage, de transport, de récupération, de réutilisation, de recyclage et d’élimination des déchets doivent être menées de manière à éviter toute pollution ou nuisance.


    En particulier, les décharges doivent être implantées, aménagées et contrôlées de manière à supprimer ou réduire leurs effets sur la santé, les ressources naturelles et la qualité de l’environnement. Il stipule nettement que :

« Tout rejet de déchet dans le milieu naturel est interdit s’il est susceptible de nuire à la santé ou de porter atteinte à la qualité de l’environnement »,et notamment que :« Les producteurs ou les détenteurs de déchets sont tenus d’en assurer la gestion de manière à éliminer ou réduire leurs effets nocifs sur la santé, les ressources naturelles et la qualité de l’environnement. »
  • Le Code forestier gabonais (loi n°16/2001) encadre également les activités susceptibles d’affecter les forêts. Bien que ce code ne mentionne pas spécifiquement le brûlage des déchets, il impose des règles strictes concernant la gestion des forêts et la prévention des incendies. Le brûlage incontrôlé de déchets en forêt peut donc être assimilé à une infraction en matière de gestion forestière et de protection de l’environnement.


  • Article 102 (version de 2022) :

« Est puni d’une amende de 1 000 à 10 000 FCFA celui qui dépose, abandonne, jette des ordures, déchets... en un lieu public ou privé. »La forêt, qu’elle soit classée ou non, est considérée comme un lieu public, privé ou naturel. Le dépôt y est donc sanctionné de la même façon.

Le tableau ci-dessous est une synthèse de notre travail de terrain, accompagnée des actions correctives proposées :


DECHETS

MAUVAIS TRAITEMENT

RISQUES POUR L’ENVIRONNEMENT

MOYENS DE GESTION

Boites de conserve

  • Brulées 

  • Enterrées 

Les boîtes enfouies peuvent blesser ou piéger des animaux fouisseurs. Les boîtes de conserve, souvent en acier ou en aluminium et recouvertes d’un revêtement intérieur plastique, contiennent du BPA. En se dégradant lentement (cela peut prendre de 50 à 100 ans), elles peuvent libérer :

  • Des métaux lourds ;

  • Des composés chimiques issus du plastique (perturbateurs endocriniens) ;

  • De la rouille, qui acidifie localement le sol.

Les conserves devront être ramassées et regroupées dans des sacs afin d’être acheminées vers la route. Pour ce faire, les équipes sur place délégueront deux des leurs pour cette tâche.

Emballages dérivés du plastique

  • Brulés

Ils ne se biodégradent pas, se fragmentent en microplastiques et persistent pendant des années dans la nature.

Ils menacent la faune.

Ils doivent être rassemblés et mis dans un sac plastique qui sera acheminé vers la route.

Mégots de cigarette

  • Abandonnés au sol

Les filtres sont faits d’acétate de cellulose, un plastique qui met jusqu’à 10-12 ans à se dégrader et libère des substances toxiques : nicotine, métaux lourds (cadmium, plomb, arsenic, mercure...).

Un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau.

Des animaux (poissons, oiseaux, mollusques...) confondent mégots et nourriture, risquant empoisonnement ou suffocation.

Limiter l’entrée des cigarettes en forêt, ces dernières ne représentant pas une nécessité sur place.

Restes alimentaires

  • Brulés

  • Enterrés

Prolifération des bactéries et champignons pathogènes.

Enterrer les aliments va modifier la composition microbienne du sol.

Les aliments, bien que biodégradables, contiennent des acidifiants et des additifs et doivent éviter d’être enterrés (os de poulet, arêtes de poissons, fruits importés à éplucher). Il faudrait plutôt privilégier les aliments générant beaucoup moins de restes.

Rubans de balisage

  • Brulés

Majoritairement en plastique non biodégradable (PVC ou polyéthylène), ils se décomposent en microplastiques, polluant les sols pendant des dizaines d’années.

Opter pour des rubalises compostables.

Piles GPS usagées

  • Enterrées

Les piles contiennent des métaux lourds : mercure, plomb, cadmium, lithium, nickel... En se décomposant sous terre, elles libèrent ces substances qui contaminent durablement le sol.

Une pile peut mettre plus de 100 ans à se dégrader, libérant des substances toxiques pour le sol, l’eau et les animaux.

Regrouper les piles et les mettre dans un contenant hermétique clos pour éviter les fuites, puis les évacuer hors de la forêt où elles seront rapportées pour une élimination adaptée.


Ainsi, l’aboutissement de notre travail nous a permis de réaliser, pour le cabinet Green ConsulTech, une proposition de Charte Zéro Déchet.


Ce document est la matérialisation du respect et de la prise en compte de son impact sur l’environnement ; il représente une volonté manifeste de la société de continuer à s’engager dans une optique de durabilité aux côtés de ses clients. L’objectif étant zéro déchet laissé sur site.

Le document est décliné comme suit :


Principe 1 : Ne rien abandonner dans la forêt

  • Aucun ruban, ficelle, plastique, reste de nourriture ou marqueur ne doit être laissé après mon passage.

  • Tous les consommables sont récupérés ou biodégradables.

  • J’effectue un passage de vérification en fin de mission.


Principe 2 : Gérer les piles et équipements électroniques avec précaution

  • Les piles usagées des GPS sont collectées dans un contenant prévu.

  • Aucun composant électronique ne doit être laissé ou enterré.

  • Je privilégie les batteries rechargeables et leur entretien régulier.


Principe 3 : Ne jamais rejeter des produits chimiques ou dangereux

  • Je n’utilise pas de produits polluants sur le terrain (huiles, peinture non biodégradable...).

  • En cas d’utilisation exceptionnelle, je prévois une récupération sécurisée.


Principe 4 : Pratiquer le tri et le retour systématique des déchets

  • Tous les déchets (emballages, papier, marqueurs, restes de matériel) sont rapportés à la base pour être éliminés.

  • Je dispose toujours d’un sac de déchets léger dans mon sac de terrain.


Principe 5 : Respecter l’environnement et la faune

  • Je reste sur les layons ou zones définies pour limiter le piétinement.

  • Je ne dérange ni les habitats ni les espèces animales.


Principe 6 : Être ambassadeur d’une pratique forestière propre

  • Je montre l’exemple dans mes déplacements et interactions avec les autres usagers de la forêt.

  • Je fais remonter les situations à risque ou de pollution observées (décharges sauvages, pollution de cours d’eau...).


  1. Conclusion


Cette mission réalisée pour le compte du cabinet Green ConsulTech nous a permis de découvrir un tout nouvel environnement de travail ainsi que de mettre en avant nos compétences professionnelles. Cette immersion dans le domaine de l’aménagement forestier nous a fait découvrir les prémices d’une foresterie responsable aux côtés de professionnels et d’experts.


L’objectif de notre recherche, rappelons-le, était de mettre en lumière les activités de gestion des déchets (déchets ménagers, de travail...) par les équipes d’inventaire d’exploitation au sein de la CFAD de Precious Woods CEB. Une recherche qui nous a dévoilé les pratiques réalisées sur le campement et le véritable impact des équipes sur leur environnement. Notre analyse a abouti à l’élaboration d’un tableau synthèse dans lequel nous proposons des moyens de gestion des déchets produits, mais également à la rédaction d’une proposition de charte zéro déchet pour notre cabinet.


La réalisation de cette charte s’est basée sur la prise en compte des textes et de la réglementation en matière de gestion environnementale au Gabon.


Ainsi, nous avons pu démontrer que c’est le mauvais conditionnement et la mauvaise élimination des déchets qui génèrent la pollution. Ces déchets représentent un risque pour l’environnement à tous ses niveaux : l’eau, l’air, le sol, la faune et la flore. Même en petite quantité, enterrer ou brûler des déchets (piles, boîtes de conserve, etc.) n’est ni responsable ni durable.


  1. Annexe


Questionnaire


Identification


  1. Nom :

  2. Fonction dans l'équipe : 

    - Compteur

    - Layonneur

    - Superviseur

  3. Date de l'entretien ou du questionnaire :


Connaissance des enjeux environnementaux


  1. Avez-vous reçu une formation ou une sensibilisation sur les enjeux environnementaux en forêt ?

    • Oui

    • Non

  2. Si oui, à quel moment ?

  3. Selon vous, quels sont les principaux risques environnementaux liés à l'inventaire forestier d’exploitation ?


Pratiques sur le terrain


  1. Lorsque vous ouvrez les layons : prenez-vous des précautions pour éviter les zones sensibles (zones humides, rivières, fortes pentes) ?

    • Oui

    • Non

    • Parfois

  2. Si oui, lesquelles ?

  3. Avez-vous déjà identifié des espèces végétales ou animales protégées pendant vos missions ?

    • Oui

    • Non

  4. Si oui, que faites-vous dans ce cas ?

  5. Lors de la collecte des données : marquez-vous ou touchez-vous tous les arbres, même ceux d’essences rares ou protégées ?

    • Oui

    • Non

    • Je ne sais pas


Gestion des déchets et comportements


  1. Que faites-vous de vos déchets personnels ou de travail (ordures ménagères, emballages, bouteilles, rubans, etc.) pendant l'inventaire ?

    • Je les ramène

    • Je les brûle et je les enterre

    • Je les jette dans la forêt

  2. Des consignes ont-elles été données concernant :

  • L’usage de la machette sur les jeunes arbres

  • La préservation des petits cours d’eau

  • Le respect des zones de nidification/faune


Observation et remontée d'informations


  1. Avez-vous déjà signalé une anomalie environnementale (pollution, coupe illégale, espèce rare, etc.) ?

    • Oui

    • Non

  2. Si oui, à qui ? Comment cela a-t-il été pris en compte ?

  3. Existe-t-il une fiche de suivi environnemental ou un carnet de terrain que vous remplissez pendant l'inventaire ?

    • Oui

    • Non

    • Je ne sais pas

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